• Sujet : Racontez une journée vécue par une famille française ou d'origine étrangère pendant la seconde guerre mondiale à paris en 1943.

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                                             Famille juive. Photo prise fin 1942. 

       

     

       Se lever. Ouvrir les volets. S’habiller. Pleins de gestes simples, mais en même temps si compliqués… J’ai si faim. Mais ce n’est pas grave, maintenant j’ai l’habitude. Je me regarde dans le miroir et ce que j’aperçois me glace d’effroi. Un petit garçon de 12 ans, on lui en donnerait 10. Il est bien trop maigre. Dans ces yeux se reflètent de la douleur. Il est brun. Ses cheveux lui tombent devant les yeux. Je pense que maman va bientôt me les couper. Mais elle est très occupée en ce moment. Je vais bientôt devoir aller à l’école. Je n’aime pas l’école, les autres enfants sont méchants avec moi. Je ne comprends pas pourquoi. Papa me dis qu’on a de la chance d’être en vie, il ne faut donc pas se plaindre. En effet, grâce à son travail, on n’est pas obligé de porter cette horrible étoile jaune. Mes parents ne veulent pas m’expliquer à quoi elle sert. Ils me disent que ce sont les méchants qui portent ça, et que nous aussi on est des méchants. Mais qu’il faut le dire à personne, car papa dénonce les gens comme nous pour rester en vie. Je ne comprends pas, mais ce n’est pas grave. Je vais dans la salle à manger et je vois Maman, en train de tricoter. C’est elle qui nous fais gagner l’argent en vendant ces pulls. Papa est déjà partis, comme d’habitude. Je vois la cafetière allumé, en train de réchauffée son café. Elle a dû rester éveillée toute la nuit pour tricoter les pulls. Papa travaille pour le gouvernement, d’après ce que j’ai compris. Je ne comprends donc pas pourquoi il ne gagne pas de l’argent.

     -Max ! Dépêches toi, tu vas être en retard ! s’écria ma mère, me sortant de ma rêverie.

       Je lui fais donc la bise, prend mon sac, et me dirige vers l’école. Il fait si beau… Nous sommes en Mai. Je regarde les arbres roses, j’aime tellement le printemps. Je m’assied sur un banc, regardant les feuilles des arbres tomber à cause du vent. J’aimais bien Paris avant, mais depuis que la plupart de mes amis sont partis dans le Sud, cette ville n’a plus le même attrait sur moi. Je n’ai pas envie d’aller à l’école aujourd’hui. Je n’aime pas ce qu’on nous apprend. Je n’aime pas le maréchal. Une fois, lorsque j’avais dit ça à voix haute, à la maison, un soir, mes parents m’avait fait juré de ne plus jamais redire ça à voix haute. Ils avaient l’air paniqué. Plongé dans mes pensées, je ne vis pas directement la fille qui s’était assise à côté de moi. Elle portées l’étoile jaune. C’était donc une juive. Ils se faisaient de plus en plus rare à Paris ces temps-ci, depuis une grande rafle qui avait eu lieu il n’y a pas longtemps. Elle avait également un sac de cours jeté négligemment sur l’épaule Elle paraissait avoir mon âge. Elle était très belle, mais elle paraissait si triste… Elle avait de long cheveux bruns bouclés, et des grands yeux verts en amandes.

     « Comment ça va ? me demanda-t-elle alors.

     - Ça passe… et toi ? Lui répondis-je

     - Il faut bien me dis elle en ricanant. Tu ne vas pas en cours ?

     - Non je ne pense pas. Et toi ?

     - Je fugue. Me dit-elle. Je déteste ma vie. Plus rien ne me retient ici. Mes parents m’avaient cachée dans un couvent mais malheureusement, quelqu’un m’a dénoncée. Je suis donc obligée de porter cette horreur, me murmure-t-elle en désignant son étoile. Soudain je vis une lueur illuminer ses beaux yeux verts. Tu veux venir avec moi ?

     -Mais… c’est que… je ne connais même pas ton prénom !

     -je m’appelle Sahra. Et toi ? »

       J’allais lui répondre, mais soudain un policier arriva. Il se positionna devant nous, l’air très énervé. Il se mit à crier sur Sahra, et il lui saisis le bras violemment.

     « sale juif… Comment oses-tu t’asseoir à coté d’un non juif ? Et tu ne vois donc pas que ce parc est interdit aux gens comme toi ? C’est décidé, je t’emmène au poste. Je suis surpris qu’il reste encore des gens comme vous ici. Quelle parasite… Vous polluez… dit-il d’une voix plein de dégout. Et toi, dit il en me regardant, reste ici, je reviens dans 2 minutes. Tu n’es pas sensé être en cours ? »

       Sans me laisser le temps de répondre, il partit, avec Sahra. Elle me lança un regard et me murmura un « résiste » ce qui lui valut un coup de la part du policier. Ils disparurent de ma vue. Je savais que j’aurais du bougé, courir mais je ne pouvais pas. J’étais très choqué. Ma vie venait de prendre un autre tournant… Tout à coup le policier réapparu, l’air fier de lui. « Ces juifs… Une vraie vermine hein ? Elle t’empêcher d’aller à l’école n’esce pas ? Ne tiquiete pas, je vais t’emmené. Tu prends à quel heure ? dit il en regardant sa montre. -je… je prends à 10 heures. C’est gentil de vouloir m’accompagner, mais je pense pouvoir y aller tout seul. -Comme tu veux. Bonne journée à toi ! -A vous aussi… » J’avais pris une décision. Tout compte fait, aujourd’hui, j’irais à l’école. Je regarda ma montre et me mis à courir. Je ne pouvais pas rester assis sur un banc et me repassé dans ma tête ce qu’il venait de ce passé. Sahra… Mais pourquoi ? ou le policier l’avait donc elle emmené ? Sans m’en rendre compte, j’étais déjà arrivé devant mon école. Laissant mes pensées divaguer. Je ne vis même pas mes amis arriver devant moi.

     « Hé Max ça va ? Tu as l’air tout retourné ! pire que d’habitude.

     -C’est que… cette fille… Sahra, elle était… Le policier…

     -Sahra, c’est un prénom juif non ? Si c’est une juif, oublie la. Elle sera bien mieux la ou le policier ‘a emmené. Les juifs ne sont que des parasite. »

       Les paroles de mes amis me fit étrangement pensé à celle du policier. Sans leur répondre, et un peu dégouté, je vais à ma salle de classe. Je n’écoute rien. Striquement rien. Mes pensées sont exclusivement tournée vers Sahra, vers le policier, vers son résiste… Elle ne connaissait même pas mon prénom !! J’étais triste. Si triste… Sahra n’étais pas méchante, elle discutais seulement avec moi… Je regarda le ciel. Je ne m’en étais même pas rendu compte, ais il devait être dans les 15 heures maintenant. Je ne sais même pas quelle cours ont eu lieu pendant la journée. Plein de bonne volonté nouvelle, je décida d’écouter ce que le professeur disait. -Les juifs sont les méchants et le marshal nous sauve de se fléau ! vive le marshal ! il a sauvé la France en collaborant avec les allemands. C’est pour cela que si vous voyez des méchants, les méchants porte des étoiles jaunes, car les juifs sont les méchants, ils faut les dénoncé. Soudain, avec une envie de vomir, je me leva et sortit de la classe, malgré les réprimandes de mon professeurs. Tout se mélangeait dans ma tête… Les paroles de maman me revirent. Les méchants, c’est comme ça qu’elle nous avait désigné… Les étoiles jaune… J’étais juif ! et mon père était un collaborateur !! Je ne me vois pas revenir en cours avec cette prise de conscience. Je voulais sortir de cette école de malheur. La chance étant avec moi, les grilles étaient ouvertes. Titubant sur le chemin du retour, je repassait tous ce que cette journée m’avait appris. J’étais juif. Mon père est un collaborateurs. Sahra… Oh Sahra… Je rentrer moi. Heureusement, mon père devait encore être à son travail et ma mère sortit. J’étais tout seule. Je m’allongé sur on lit. Je ne m’en était même pas rendu compte, mais j’étais épuisé. Je sentis mes yeux se fermait, et je ne lutta pas. Quand je recouvrir les yeux au bout de quelque seconde, le ciel était noir et plein d’étoile. J’entendais la cafetière tourné pour tenir ma mère éveillé. Comme si rien n’avais changé ! Comment le monde pouvait continuer à tourner alors que je venais d’apprendre des choses aussi surprenantes ! pris d’une envie soudaine, j’allumais ma lampe, je pris une feuille et un stylo, et d’une écriture fébrile je commença à écrire :

     « 8 mais 1943 Paris cher moi, plus tard, si il y a un plus tard, j’écris ceci pour me souvenir. Me souvenir de qui je suis, de ce que j’ai vu, de ce que je fais. Je vais donc te raconter ma journée… »

       Et pendant que j’écrivais ces mots, ceux du policier et ceux de Sahra me revinrent à l’esprit… Résiste m’avais elle dit. Et ce mot prenait enfin toute ca dimension.


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  • Récit d’une journée à Paris en 1943



    C’était une journée en 1943 à Paris. Une famille française se leva à 7h30. je vais vous raconter une journée marquante pour cette famille.

    Françoise, la femme préparait le petit déjeuner habituel qui était tranches de pain et eau. C’était une famille plutôt pauvre. Elle n’avait pas encore assez de provisions pour pouvoir quitter Paris et faire la longue et fatiguante marche pour s’installer dans le sud de la France.

    Claire leur petite fille avait à cette époque neuf ans. Elle était jeune et intelligente. C’était une fille plus mûre que son âge. Elle comprenait malheureusement le malheur et l’horreur qui se passaient à ce moment là à Paris à cause de l’occupation des nazis et qui s’acharnaient sur les familles pauvres ou malades. Le père, lui, dont on ne connaîtra jamais le nom était malade. Il souffrait d’une insuffisance cardiaque, son médecin le lui avait dit quelques temps plus tôt.

    A huit heures et cinquante minutes, Claire alla chercher du pain ainsi que trois pommes à l’aide d’un ticket de rationnement dans un centre de ravitaillement. Elle vit des Allemands frappés aux portes d’une rue voisine. Elle s’avança un peu et devina que cette patrouille cherchait des juifs cachés dans certains appartements.

    Claire continua son chemin. Au centre de ravitaillement beaucoup de gens non-juifs attendaient. Elle fit donc la queue. Claire attendit une heure et vingt-cinq minutes avant de pouvoir prendre la ration de pain et les trois pommes, pas une de plus. Elle avait du prendre auparavant les cartes d’identité d’elle et de ses parents pour prouver qu’ils étaient bien trois dans l’appartement. Cette ration était quotidienne. Claire ne profitait jamais d’une pomme ou d’une miche de pain en plus. Non, elle était toujours honnête, comme ses parents d’ailleurs.

    Au retour, Claire s’engagea dans une petite ruelle qui amenait dans la rue principale où elle habitait. Dans cette ruelle, elle vit deux juifs : une femme et son enfant, se faire attraper par trois Allemands armés. Claire était impuissante. Elle tourna la tête car elle entendit trois enfants rentrer chez eux après être partis chercher leur ration de nourriture. Et quand elle se retourna, elle aperçut juste au fond de la ruelle cette femme et son enfant rentraient dans une voiture des forces allemandes. Ces Allemands les avaient attrapés et ils allaient partir en Pologne au camps d’Auschwitz Birkenau et ils étaient condamnés à mourir. Cela, claire le savait. Elle avait quelques jours avant dû assister à l’arrestation d’une de ses amies et ses parents, juifs. Françoise lui avait dit : « Claire tu ne les reverras plus, dit leur adieu » . Cette phrase Claire s’en souviendrait toute sa vie.

    Elle rentra quelques minutes après. Sa mère, pendant ce temps, avait eu peur. Elle croyait que Claire avait été attrapée ou kidnappée. Françoise entendit la porte s’ouvrir. Elle crut que des allemands entraient mais elle vit Claire avec la ration de nourriture et les trois cartes d’identité.

    Il était douze heures et cinquante minutes. Françoise mit la table en posant juste trois verres, trois assiettes, un couteau, un pichet d’eau, la grosse miche de pain et les trois pommes qui étaient déjà à quelques endroits abîmés. Pendant ce temps, Claire lisait un recueil de poèmes que ses parents lui avait offert pour ses sept, huit et neuf ans. Elle ne l’avais pas encore fini. Son père, lui, lisait le journal.

    Ils se mirent à table. Françoise coupa le pain en deux et coupa une moitié en trois. La ration étant pour le déjeuner et pour le dîner il ne fallait pas trop dépenser en un repas. Puis elle leur versa de l’eau dans leur verre. Le repas se passa calmement et rapidement. 

    Une heure plus tard, ils décidèrent de se promener. Il faisait beau. Ils marchèrent jusqu’au parc. Là, ils virent sur la porte d’entrée du parc « interdit aux chiens et interdit aux juifs. » . ils entrèrent. Il n’y avait personne. Claire fit du toboggan plusieurs fois et puis elle s’arrêta. Elle aperçut un juif (elle avait appris à l’école que les juifs portaient une étoile pour signifier qu’ils étaient juifs) courir et plus loin derrière un Allemand avec une mitraillette qui tirait dans tous les sens pour le tuer. Françoise cria et obligea Claire à se baisser pour éviter qu’elle soit touchée. Le juif fut touché à la jambe et il s’écroula. Le sang coula sur le trottoir et Claire vit la cruauté qu’avaient les Allemands envers les juifs. Claire descendit du toboggan et demanda à ses parents de rentrer. Vous pouvez imaginer la suite pour le juif.

    Il était dix-huit heures. Claire pleurait. Son père venait de mourir. Françoise pleurait aussi. Il venait d’avoir une crise cardiaque. Claire regardait tristement son père qui avait les yeux fermés et qui était allongé sur le lit. Ses larmes coulaient sur sa joue. Elle se coucha, sans manger, avec sa mère et contre son père dans le lit. Claire se rappellera toujours de cette journée. La cruauté des Allemands. La mort de son père l’avaient démunie de toute envie de vivre. Pourtant Claire vécue longtemps et eue des enfants et des petits enfants à qui elle raconta son horrible journée, cette journée que je viens de vous raconter.

     

     

    Source :

    http://www.ajpn.org/images-search/1402431494_Paul-and-Melanie-Dard-and-Eliane-Munier-1944[1].jpg

    Nom :

    Avis de recherche de la famille DARD

     




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  •  Un nouveau départ

       Léo se réveilla dans un lieu qu'il ne reconnut pas. Il se redressa, perplexe, puis se rappela que sa famille et lui s'y étaient installés depuis une semaine. Cette maison était appartenait à des amis de ses parents, mais Léo ne les connaissaient pas ; d'ailleurs, il aurait nettement préféré dormir chez un de ses amis. Ou, mieux, retourner chez lui. Il ne comprenait pas pourquoi il avait fallu partir de chez eux ; ses parents lui avaient dit que ce serait provisoire, mais Léo en doutait.

         Cette maison était beaucoup trop sombre à son goût. Il se leva, se dirigea vers la fenêtre et ouvrit les épais rideaux...

         « Léo, non ! cria une voix qui le fit sursauter. »

         Lâchant les rideaux, il se retourna. Sa mère le regardait, inquiète. Ses épais cheveux noirs, dont Léo avait hérité, étaient en bataille, elle était débraillée et avait de grosses cernes. Léo, avec un pincement au cœur, se souvint du visage souriant de sa mère lorsqu'elle le prenait sur ses genoux et qu'il pouvait alors rire aux éclats.

         « Tu ne comprends donc pas que c'est important ? lui dit-elle, exaspérée. N'ouvre jamais ni les fenêtres, ni les rideaux. »

         Son expression s'adoucit. Elle le prit dans ses bras frêles et lui caressa les cheveux.

         « Tu ferais mieux d'écouter ta mère, fit une voix grave derrière lui. »

         Il se tourna vers son père, à présent réveillé, qui le regardait d'une mine sévère.

         Léo ne l'aimait pas. Toujours à lui faire des reproches. Toujours à lui interdire de s'amuser. Toujours morne, si ce n'était en colère.

         Ce qu'il ne savait pas, c'est que son père n'avait pas toujours été comme ça. Il fut un temps où une lueur brillait dans ses yeux lorsqu'il regardait son fils. Autrefois, il savait prendre du bon temps et il faisait le métier qu'il aimait, tout comme sa femme. Leur attitude avait radicalement changée après que les Allemands eurent envahit la France : ils vivaient maintenant dans la peur. Léo avait peu voire pas de souvenirs des années qui précédaient l'Occupation, ce qui était facilement compréhensible étant donné qu'il n'avait que 6 ans à l'époque.

         Cependant, il se souvenait bien de lorsqu'il devait porter ce morceau de tissu en forme d'étoile : il ne devait jamais le quitter, qu'il soit dehors, à l'école et même, comme le voulait ses parents, chez lui ! En plus, les passants le regardaient d'une drôle de manière. Un jour, il était sorti sans et sa mère s'était fâchée.

         Son père s'étira. Au même instant, une femme grande et blonde entra dans la pièce.

         « Bonjour Suzanne, David, Léo ! dit-elle à voix basse. J'espère que vous avez bien dormi ! Je suis désolée que mon mari ne puisse vous voir ce matin. Il est parti très tôt aujourd'hui. (Son visage s'assombrit.) Il doit travailler plus dur en ces temps de misère.

    -Nous comprenons, assura Suzanne, la mère de Léo, sur le même ton. Et nous lui en sommes reconnaissant ainsi qu'à vous de nous héberger dans une situation pareille.

    -C'est tout naturel, répondit-elle d'une voix faussement enjouée. Il faut savoir se serrer les coudes. »

         Léo bailla. Il ne voyait pas l'intérêt de parler si bas.

         « J'ai faim, se plaignit-il, et je veux rentrer à la maison !

    -Chut ! s'exclama par réflexe la jeune femme, avant de se reprendre : Je crois qu'il nous reste du pain dans ce que j'avais mis de côté. Je vais aller voir. »

         Elle partit dans la cuisine. Aussitôt qu'elle fut hors de son champ de vue, David, le père de Léo, le réprimanda :

         « Ne peux-tu pas faire preuve de maturité ? Arrête de te montrer si égoïste !

    -David ! S'exclama Suzanne. Calme-toi, il n'a que neuf ans !

    -Neuf ans ou pas, s'il se comporte ainsi, il ne survira pas, asséna-t-il aussi sec. »

         Choquée, Suzanne recula d'un pas, puis se mis à protester. Léo, lui était au bord des larmes. Pas un jour ne se passait sans que ses parents ne se disputent. Le pire était lorsque cela se produisait dès le matin. D'ailleurs, Léo n'avait déjà plus faim, même s'il avait à peine mangé la veille, faute de nourriture. Suzanne finit par s'asseoir, tournant le dos à David pour qu'il ne puisse pas voir les larmes qui coulaient le long de son visage.

          La matinée se déroula dans le silence jusqu'à ce que l'on toqua à la porte. Léo bondit sur ses pieds pour voir qui était-ce mais sa mère, apeurée, le retint. Prudent, David entrouvrit les rideaux. En voyant qui se trouvait dehors, il poussa un soupir de soulagement et alla ouvrir la porte. Léo échappa à l'emprise de sa mère et le suivit dans l'entrée.

         Il reconnu le vieil ami de son père, Richard. Ce dernier leur sourit, enleva son chapeau et s'installa sur le canapé dans le salon.

         « Alors Richard, demanda David après s'être installé en face de lui. Que nous vaut l'honneur de cette visite ?

    -Je voulais juste revoir de bons amis, dit-il avec un sourire forcé (qui lui coûta apparemment beaucoup d'efforts). J'ai entendu dire que vous aviez du vous cacher, alors je vous ai cherché. Les rafles étaient de plus en plus fréquentes dans votre quartier, n'est-ce pas ?

    -C'est vrai. Et nous nous sommes fait faire de faux papiers. Nous avons aussi jugé plus prudent de retirer Léo de l'école. »

         Suzanne, pendant ce temps, faisait mine d'être occupée tout en tendant l'oreille.

         « Je suis d'accord, acquiesça-t-il. En plus, rajouta-t-il sur le ton de la plaisanterie, il y a de fortes chances que les Allemands aillent faire un tour à l'école. C'est vrai, ils en auraient bien besoin...

    -C'est dangereux de dire ça, fit remarquer David. Beaucoup de personnes disparaissent ces derniers temps. En tenant des propos comme ça, tu risques d'être le prochain. Quoique, rajouta-t-il après un temps de réflexion, nous aurons une chance d'être ensemble ; aussi déterminés qu'ils le sont, les allemands nous retrouverons certainement. »

         Suzanne se raidit en entendant ces paroles. Elle essaya d'éloigner Léo, mais celui-ci n'en faisait qu'à sa tête.

         « Je n'en suis pas si sûr, dit Richard en se redressant.

    -Quoi ?

    -J'ai entendu des rumeurs. J'ai de bonnes relations, tu sais. On raconte que les Allemands perdent la face. Ils ont perdu une bataille, il y a de cela un mois. Nos alliés les repoussent, lentement mais sûrement. »

         Suzanne était tout ouïe et ne cherchait désormais même plus à faire semblant. David, lui, se contenta de rire.

         « Tu l'as dit toi-même, ce ne sont que des rumeurs ! Tu te fais des illusions. On l'aurait su s'il y avait un espoir.

    -Il y a un espoir, intervint Suzanne. David, je pense vraiment que Richard a raison...

    -Non ! cria-t-il en se levant brusquement. Retombez sur terre ! C'est juste impossible, vous êtes tous tellement perdu que vous vous raccrochez à des illusions ! »

         Il y eu un silence. David, les yeux fermés, se rassit lentement.

         « Je suis désolé. Et je ne remets pas en question ce que tu dis, Richard...

    -Nous sommes tous sur les nerfs, dit ce dernier, compatissant. Mais nous nous en sortirons, tu verras. »

         Puis ils continuèrent à parler comme si de rien n'était. Léo en avait plus qu'assez d'être ignoré et trouvait cette conversation d'adultes particulièrement incompréhensible. Au moment où il envisageait sérieusement de filer dehors en douce, Richard regarda sa montre et dit :

         « Il est temps que je m'en aille. Il m'est de plus en plus difficile de rentrer chez moi sans encombre, ces derniers temps, avec tous ces policiers.

    -Je t'accompagne, proposa David à la surprise de tous. Je connais un raccourci, tu pourras rentrer plus facilement.

    -Ce n'est pas une bonne idée, avertit Suzanne.

    -Tout va bien. Je rentrerai vite, promit-il, confiant. »

         Suzanne, malgré un mauvais pressentiment, ne tenta plus de le retenir ; les deux hommes enfilèrent leur manteau et sortirent.

         Contrairement à elle, Léo était furieux. Pourquoi son père pouvait-il aller dehors et pas lui ? C'est pourquoi il décida, sans rien dire à personne, de suivre son père et Richard. Profitant d'un moment d’inattention de sa mère, il sortit discrètement.

         Il faisait encore froid en début de mois de mars, et Léo frissonna dans son léger manteau. Il se cachait dès qu'il croisait quelqu'un, trouvant cette filature amusante. Il entreprit de retrouver la trace de David et Richard, mais cru se perdre à un moment ; heureusement, il reconnu de loin leur silhouette et se cacha derrière un coin de mur.

         Léo jeta un coup d’œil. Cependant, il ne comprit pas ce qu'il vit : son père et Richard parlaient avec deux hommes qui faisaient froid dans le dos ; ils faisaient de grands gestes et avaient l'air d'être en train de se disputer. Quelque chose clochait, c'était certain. L'angoisse lui serrant la gorge, il voulu se rapprocher, quand soudain...

         PAN ! PAN !

         Deux coups de pistolets. Alors, pétrifié sur place, Léo vit son père tomber comme au ralenti tandis que Richard se mettait à courir, poursuivit par les policiers. Reprenant brusquement ses esprits, Léo, effrayé, se mit à courir, plus vite qu'il ne l'avait jamais fait. Tout autour de lui se fondait en brouillard, mais peut-être était-ce à cause des larmes qui roulaient le long de ses joues. Enfin, hors d'haleine, il arriva chez... Non. Il n'était pas chez lui. Il était chez une personne qui n'était pas assez terrifiée par ce qu'il pouvait se produire dehors pour les accueillir.

         Dès qu'il fut entré, sa mère se précipita vers lui.

         « Mais où étais-tu donc passé ? hurla-t-elle, oubliant pour une fois d'être calme. »

         Elle remarqua alors l'expression de son fils. Et elle comprit. Suzanne le serra alors dans ses bras et ils pleurèrent à chaudes larmes ; Léo, inconsolable, était assaillit de souvenirs de son père lors de bons comme de mauvais jours. Il prit conscience à quel point il avait été là pour lui, à quel point il tenait à lui.

         « Léo ? murmura Suzanne. Je veux te dire une chose. A présent... on va certainement nous retrouver. Et à ce moment là, je ne serais moi non plus plus là pour toi. Mais il faut que tu te souviennes... (Sa voix s'étrangla.) ...que tu te souviennes que le pire, ce n'est pas de se faire attraper. Le pire est de vivre dans la peur de se faire attraper. Ne perd jamais espoir, et sois fort, Léo. »

         Le soleil se couchait. Léo n'avait pas remarqué à quel point la journée avait filée vite. Mais, à cet instant, il sut qu'il se souviendrait toujours de ce jour comme un nouveau départ. Quoiqu'il puisse arriver.

     

    Déportés juifs au camp de Drancy


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  •    Je m’appelle Hélène. J’ai onze ans. J’habite rue St Honoré à Paris à côté du Louvre avec ma mère et ma grand-mère au 6ème étage d’un immeuble bourgeois dans les combles. Nous n’avons qu’une seule pièce pour dormir et manger et c’est tant mieux car en cet hiver 1943, il fait très froid.

    Depuis le début de la guerre, les hivers sont longs et rigoureux. Toutes les denrées alimentaires sont rationnées ainsi que les matériaux de chauffage, les vêtements, les chaussures. Heureusement, nous avons de la famille en Normandie qui nous envoie de temps en temps des colis. Sinon, nous nous nourrissons d’un peu de pain et de rutabagas.

    Ma mère passe un temps interminable devant des magasins presque vides. Il y a une voisine de l’immeuble d’à côté qui élève des poules et des lapins dans sa cave et qui nous en donne de temps en temps. Ma grand-mère se débrouille également pour récupérer aux Halles des produits invendables : des œufs cassés, des fruits abîmés pour que nous mangions un peu plus équilibré.

    Nous n’avons pas assez d’argent pour acheter des produits au marché noir. L’année dernière, c’est en nous rendant à la campagne pour boire du lait frais que j’ai attrapé la tuberculose bovine. Je suis guérie aujourd’hui.

    Le quotidien, c’est aussi de nombreux bombardements sur Paris. Il y a deux ans, un avion anglo-américain a été abattu non  loin de chez nous, au-dessus du musée du Louvre. Il a pris feu et a fait de nombreux dégâts. L’explosion a fait souffler nos vitres et les écouteurs de l’aviateur ont atterri dans notre appartement. Quand l’alerte est donnée par les sirènes, nous nous précipitons dans les abris et attendons que cela passe… Les Parisiens qui craignent les bombes ont depuis longtemps déserté Paris.

    Même les voyages ferroviaires sont risqués. En allant rendre visite à notre famille normande il y a trois ans, notre train a été la cible d’un raid aérien. Les voyageurs sont sortis du train, effrayés. Certains sont morts. Nous nous en sommes sorties saines et sauves. Ma mère a, depuis, quelques éclats d’obus sous la peau.

    Le quotidien, c’est enfin la présence des soldats allemands. En 1940, j’avais 7 ans. Je me promenais en compagnie de ma grand-mère. Nous revenions des Tuileries et nous avons croisé un « boche » à qui j’ai tiré la langue. Il a fait demi-tour, est revenu vers nous en interpellant ma grand-mère qui s’est confondue en excuses  en justifiant mon attitude : «  Ne faites pas attention. C’est une petite, elle ne sait pas ce qu’elle fait. Elle aime faire des grimaces à tout le monde.  »

    Nous étions quittes pour une belle peur.

     

    une fille et sa mère en 1943


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  •                                               La journée d’une famille française en 1943 à Paris

     

                  Comme tous les jours, je me levais de bonne heure, je m’habillais avec hâte et rejoignais ma mère dans la salle à manger. Elle mettait la table comme à son habitude avant d’aller chercher avec moi le déjeuner quotidien composé du peu de beurre qu’il nous restait avec du pain qu’il fallait aller chercher au centre de rationnement le plus proche, un peu plus bas sur la place Saint-Placide. Nous habitions au 108 boulevard Raspail  dans le 6ème arrondissement de Paris,  ici comme ailleurs la faim était présente, et c’est pour cela que nous partions avec ma mère au plus tôt afin d’éviter les immenses files d’attentes.

    En descendant la rue nous vîmes le drapeau nazi planté au milieu du terre-plein délimitant les deux sens de circulation, mais il était brûlé, la croix maudite était roussie à moitié. Un sympathisant avait sans doute dû la dégrader durant la nuit. Ce matin-là nous arrivâmes plus tard que d’habitude, une queue se formait déjà le long du trottoir, l’affaire d’une demi-heure sans doute. Pendant toute l’Occupation nous ne manquâmes jamais de tickets de rationnement de pain, mon père en avait toujours lorsqu’il revenait le soir, quant aux autres aliments comme l’huile ou le beurre, nous pouvions nous en passer quelques jours, seule restait l’attente. Cette longue attente, sur le trottoir, seule, ou avec ma mère, entourée d’inconnus qui dévisageaient les autres, qui faisaient attention aux personnes qui doublaient, tout cela pour la pitance quotidienne matin, midi et soir tandis que les Boches vivaient dans l’opulence et le luxe, occupant les demeures les plus luxueuses dont ils avaient destitué le propriétaire. Entre tous ces visages inconnus, moi et ma mère préférions attendre à deux, pour discuter, et ne pas rester seules dans le froid. Quand enfin arrivait notre tour, nous tendions notre coupon, le préposé l’arrachait au carnet, nous tendait le pain dans un geste mécanique puis nous cédions notre place, salivant déjà en pensant à ce pain qui ne satisferait, nous le savions par expérience, pas complétement notre faim.

                  De retour à la maison, mon père était déjà attablé, il se levait moins tôt que nous, mais partait toute la journée et ne rentrait que très tard le soir, ou très tôt le matin. Nous déjeunâmes selon une routine bien établie, économisant et ne prenant aucun surplus, puis, père prit son manteau et son chapeau noir, nous embrassa toutes les deux affectueusement et, enfin, cérémoniellement enfila ses gants noirs et partit « sauver la France » comme il disait. Je n’ai jamais su exactement les activités qu’il remplissait, mais je savais que mon père était de « ceux-là », nous hébergions chez nous un poste TSF afin d’écouter aux heures précises la BBC et le Général de Gaulle qui nous encourageait, nous incitait à combattre l’envahisseur. Souvent, il nous faisait aussi un rapport sur l’avancée des Alliés, et ce jour-là j’appris quelque chose d’extraordinaire, les Britanniques avaient triomphé des Allemands en Egypte à El-Alamein, une grande victoire qu’il disait, La libération de la France ne saurait tarder.

    La journée, je jonglais entre les petits boulots et passait mes moments libres à entretenir le poste TSF. Je consignais toutes les transmissions secrètes sur un petit carnet caché précieusement entre les lattes du plancher, quand il rentrait mon père lisait le rapport de la journée puis se couchait. Ces messages étaient souvent codés de telle façon que la tournure prenait un aspect poétique et mystérieux qui me ravissait comme par exemple :

    « Les reproches glissent sur la carapace de l’indifférence », « le cardinal a bon appétit » ou encore « la brigade du déluge fera son travail »

    Souvent, mes petits boulots se limitaient au rôle de coursière ou bien de professeur de piano à domicile, ce qui était mon seul loisir. Cela me rapportait un peu d’argent qui était rapidement dépensé au marché noir afin d’apporter un maigre supplément tel que de la viande ou des légumes à notre repas quotidien. Ma mère quant à elle travaillait toute la journée comme femme de ménage dans le commissariat français du 6ème arrondissement. Un jour elle avait trouvé des documents attestant d’une rafle, le 16 juillet 1942, elle en avait parlé à mon père et nous avions hébergé des Juifs le temps de la rafle, la rafle du Vel d’Hiv.

    Les Allemands se baladant tranquillement dans nos rues en uniforme militaire me donnait envie de vomir. Si mon père ne m’avait pas fait juré de m’occuper du poste TSF, je suis sûre qu’un jour je serais descendue fusil à la main, prête à abattre le premier Boche qui passait avant de me faire arrêter.

    Cela ne m’empêchait pas de faire tout ce qui était en mon pouvoir pour leur rendre la vie impossible. Dès qu’une de leur voiture était sans surveillance, j’en crevais les pneus, dès qu’un Fritz me demandait le chemin dans ses mimiques ridicules ou dans un français inintelligible je le lançais à l’opposé de son but, ce n’était rien, mais au moins, je ne pouvais pas être apparentée à une collabo.

    A la fin de ma journée, après avoir fait travailler le petit Alain au piano, je rentrais à la maison, seule, ma mère reviendrait dans une heure tout au plus, j’allais chercher le pain puis je préparais le dîner, quand soudain on toqua à la porte. J’ouvris avec la crainte de voir un policier Allemand au seuil de l’entrée, la porte coulissa lentement et je vis un inconnu, quoique je cru l’avoir déjà aperçu en bas de notre immeuble semblant attendre mon père. Il avait l’air franc et honnête et me dit calmement : 

    «  Reste calme, quelque chose de terrible est arrivé, c’est à propos de ton père… »

    Mon père, funambule héroïque, était tombé.

    Devoir de Français A.Lacroix 3°1

     

     Affichette de 1943

                  


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