• - UN JOUR A PARIS EN 1943– 

     

         Le ciel gris et humide rendait Paris menaçante, en ce matin du mois d’octobre 1943. Les mouettes jacassaient au bord de la Seine, et les parisiens se tassaient chez eux ou essayaient en vain de trouver de quoi manger. Il faisait froid. Très froid : de nombreux clochards mourraient la nuit, sans personne pour les aider. Et le bruit le plus redoutable dans cette cité autrefois appelée « ville-lumière » était le pas des semelles cloutées des chaussures des nazis sur le béton. 

        Nous étions, ma femme Delphine, ma fille Juliette et moi, tous les trois dans notre appartement du onzième arrondissement, rue Saint Ambroise, en train de prendre un petit déjeuner constitué de café, de pain rassis et de marmelade. Nous avions de la chance ; certains de nos voisins ne pouvaient même plus trouver de quoi dîner. Delphine, qui était institutrice avant la guerre, avait choisi de démissionner lorsque les allemands prirent Paris ; comme moi, elle n’était pas d’accord avec les discours du Maréchal et ne voulait pas apprendre de telles absurdités aux enfants qu’elle avait sous sa responsabilité. Elle avait donc quitté son établissement pour travailler chez le boucher du quartier. Maintenant, après la fermeture du magasin en septembre 1942 à cause de la pénurie alimentaire, elle décida de rester à la maison où, sous une couverture de couturière, œuvrait, avec moi, pour la France libre. 

        Notre fille Juliette, pour sa part, n’allait plus à l’école depuis un mois. Sa mère et moi pensions qu’il était trop dangereux pour elle de sortir seule, surtout en fin de journée, les nuits devenant plus longues. Elle étudiait donc à la maison, avec une collègue et amie de Delphine, qui continuait à enseigner mais qui passait donner des leçons à notre enfant. De plus, les bombardements de juillet ayant effrayé tout le monde, nous pensions Juliette plus à l’abri à la maison. 

        A cette époque, je travaillais encore chez le cordonnier et aidais les jardiniers du Louvre à cultiver des légumes pour le Secours National. Et le soir, une fois Juliette au lit, ma femme et moi nous retrouvions à la lueur de la lampe à huile pour copier, rédiger ou mettre en page les manuscrits des journaux de propagande que nous confiaient nos supérieurs, afin de les confier au petit matin à notre contact de la France Libre qui les imprimerait dans la journée pour les français.

         Après avoir fini mes tartines et mon café, je proposai à ma femme et ma fille une promenade le long des quais, histoire de sortir un petit peu. Ce n’était pas l’Occupation qui nous en empêcherait, et comme nous le faisions toutes les trois semaines, à cette époque de l’année, nous décidâmes de partir de la maison jusqu’à l’île de la Cité à pied. Nous enfilâmes nos cirés, prirent notre parapluie et sortir dans ce vent froid du samedi matin. Nous empruntâmes le boulevard Voltaire. Là, les voitures avançaient silencieusement, les passants marchaient visite, l’air pressés, méfiants. 

       Tout à coup, nous aperçûmes une brigade de nazis qui embarquait un homme. Le pauvre malheureux hurlait, et se débattait. Puis, nous vîmes derrière lui une femme et ses enfants, qui semblaient être de sa famille. En effet, les enfants gémissaient, apeurés et la femme pleurait et réclamait son mari à grands cris, en vain. A un moment, un allemand quitta son rang, et marcha vers la femme d’un pas militaire. Elle fit mine de reculer, mais il s’arrêta devant elle, et la gifla si violemment qu’elle s’effondra sur le sol. Il l’insulta en allemand et rejoignit son rang. Instinctivement, je fis un rempart de mon corps entre mon innocente Juliette et cette horrible scène.  

        Nous marchâmes plus vite, et déboulâmes sur la place des Vosges. En ce froid mois d’octobre, quelques badauds déambulaient quand même sur la place. Et même en pleine Occupation, cet endroit restait incontestablement un minuscule havre de paix dans l’océan de chaos qu’était le reste de Paris. Je cueilli un coquelicot pour Delphine, et le lui tendis avec un sourire. Elle et moi devions continuer de rester un couple fort et uni devant Juliette, surtout en cette macabre période. J’aurai tout donné pour voir ma famille réfugiée en zone libre. Puis j’aperçus que ma fille tremblait, et m’avançai vers elle. Puis, après avoir tenté non sans peine d’expliquer à ma fille la violence de l’acte dont nous avions été témoins, nous reprîmes la route. Ma fille était choquée, et moi j’avais peur. 

        La suite du trajet se déroula plus calmement, ou du moins, pour nous. Nous croisâmes une ou deux brigades de boches, et courbèrent la tête à leur passage. Je fulminais intérieurement. Puis, nous passâmes devant l’île Saint Louis, magnifique et triste à la fois. Nous longeâmes les quais, celui des Célestins puis celui de l’Hôtel de Ville, où nous vîmes des policiers réquisitionner des péniches et leurs marchandises, au nez et à la barbe de leurs propriétaires. « Pour l’effort de guerre », dirent-ils. Les pécheurs protestaient. 

        Quelle misère, pensai-je. Quelle misère pour ces pauvres gens. Au moins, ma famille et moi avions de la chance: le maigre héritage des parents de Delphine nous permettait de subvenir à nos besoins. Avec cela, nous pouvions également payer les leçons de Juliette. Oui, nous étions vraiment chanceux, par rapport à d’autres, à cette époque. 

        Je tendis à ma  famille du pain pour le déjeuner, et nous continuâmes de marcher en mangeant en silence. Ma femme nous trouva un banc sur les quais ou nous finîmes notre repas, en observant les vagues de la Seine lécher le bord des quais. En voyant la silhouette de la Cathédrale émerger du brouillard, nous nous relevèrent et finîmes par arriver sur l’île de la Cité. J’avais toujours aimé cette partie de la ville, et ce depuis ma plus tendre enfance. Quand nous fûmes arrivés sur le parvis de la Cathédrale, qui se tenait, majestueuse, indifférente à la souffrance du pays, des policiers se présentèrent devant nous pour nous barrer le passage. « La Cathédrale est fermée », grognèrent-ils. 

        Delphine nous dit qu’elle allait glaner quelques fruits et légumes pour les voisins, dans le marché annexé à la place. Juliette et moi n’avaient pas le cœur à continuer notre visite. Nous informâmes Delphine que nous allions rentrer. Une fois rentrés, Juliette travaillant et moi faisant les comptes nous entendîmes des pas précipités et des cris à l’étage au dessus. Ces bruits provenaient de l’appartement de nos voisins, les Dzolneff, des polonais naturalisés. Je dis à Juliette de rester cloîtré dans l’appartement et montai les marches de l’immeuble quatre à quatre. La porte des polonais était grand ouverte, et à l’intérieur, le désordre régnait. Les pleurs du bébé fusaient dans l’habitacle, ainsi que des ordres haineux lancés en allemand. Je rentrai, et appelai Enid, la maitresse de maison. Un général allemand me tomba dessus. Lorsque j’essayai de lui demander ce qui se passait, il appela ses congénères. Ils durent s’y prendre à trois pour me faire sortir. Une fois sur le seuil, ils me lâchèrent et m’agonirent d’insultes, me frappèrent et me firent clairement comprendre que ce n’était pas mes affaires. Sachant que je ne pouvais rien faire contre trois soldats armés, je regagnai l’appartement et expliquai  l’affaire à ma fille et ma femme qui était revenue. Nous décidâmes de veiller, pour voir ce qui allait s’ensuivre. 

       Vers vingt et une heure, après trois heures d’attente et beaucoup d’inquiétude, des pas dans les escaliers retentirent. Nous entendions nos chers voisins qui se débattaient. Delphine ouvrit grand la porte et tomba nez à nez avec Enid qui portait son fils de six mois dans les bras. Avant que les boches ne puissent l’emporter, Enid et son mari embrassèrent leur fils et le confièrent à Delphine. 

        Sans doute savaient ils que là où ils iraient, leur enfant ne survivrait pas. Depuis la fenêtre nous assistâmes impuissant, à l’arrestation d’Enid et Karl Dzolneff, polonais habitant en France depuis plus de dix ans. 

     Quels monstres, pensai-je, pourraient faire autant de mal à de si gentilles personnes ? Pourquoi ? Quel était le but ? Que pouvions-nous faire, nous parisiens ? Nous laisser faire et courber la tête ? Nous révolter ? 

        Autant de questions sans réponses, qui continuèrent à me torturer l’esprit, pendant deux ans encore. Et même quand l’Atrocité sans nom qui avait duré six ans prit fin, et que la société commença à se reconstruire, le monde ne serait jamais plus comme avant. 

     

    Jardiniers dans le jardin du Louvre qui servait à nourrir les populations pendant la guerre, 1943.


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     queue dans un supermarché                                                                 affiche du marché noir

     

    Je me dirigeais vers la porte de mon lycée. A peine sortie je voyais déjà la station de métro, porte de Vincennes, inondée de monde, j’espérais pour mon père qu'il n'y eu moins de personnes a supporter sur sa ligne aujourd'hui.

     

    C'était le mois de février le plus froid que j'eus connu, heureusement pour moi le lycée Hélène Boucher n'était pas loin de la rue du rendez-vous, même par ce froid il n'était pas très dérangeant de faire le chemin du lycée jusqu'à chez moi. Je m’inquiétais tout de même pour mes parents, les métros étaient bondés et le magasin de couture de ma mère était loin. De plus, pour mon père j'espérais qu'il n'eut point d'incidents sur les lignes. Mon frère devait être déjà rentré de l'école. Il devait sûrement faire ces devoirs ou continuer à apprendre la chanson du Maréchal Pétain...celui-là nous avait bien trompés affirmait toujours papa.

     

    Je rentrai et vis comme je le pensais Arnaud en train d'étudier. Il était déjà 18h3 quand je décidai d'aller regarder ce que nous pourrions manger ce soir. Comme d'habitude il n'y avait rien hormis quelques pommes de terre, il y avait encore un morceau de viande mais elle était pour un autre jour. Ma mère venait de rentrer, on put voir Arnaud et moi les nouveaux habits que maman avait réussi à confectionner pour nous. J'aidai ma mère à préparer le dîner, nous allions manger du gratin de pommes de terre avec de la vrai crème.

     

    Quand mon père rentra, la table venait d'être mise. Nous nous installâmes pour dîner puis mon père commença à raconter sa journée. Il avait travaillé sur la ligne Nation-Étoile par Denfert aujourd'hui, avec toujours plus de monde. Arnaud voulait faire le même travail que papa, il adorait voir ce qui ce passait dans les voitures, il imaginait la vie de tous les voyageurs. Mon père quand à lui ne voulait pas qu'il fasse ce métier répétitif et pas assez respecté. Ma mère avait réussi a vendre plusieurs modèle aujourd'hui. Après qu'elle eu fini de parler, Arnaud exprima sa lassitude sur le menu du repas. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas fait de réflexion. Ma mère regrettait de ne pas pourvoir faire des choses qu'il aimait mais mon père était furieux, pour une fois qu'il y avait de la vrai crème. De plus il ne pouvait pas aller tous les jours au marché noir, on n'avait jamais assez d'argent.

     

     

    Le repas terminé mon frère partit se coucher. Mon père lisait un journal ramassé dans un wagon. Je vis ma mère aller dans sa chambre, je fis de même Je commençais un livre qu'un ami avait réussi à me procurer, c'était Mermoz de Joseph Kessel. Soudain, j'entendis ma mère sangloter, sûrement à cause de la remarque de mon frère ou alors de demain qui allait être un jour encore affreux et triste, ces jours étaient devenu notre routine…puis je me mis à pleurer également.

     Source :occupation-paris.blogspot.com

      

    ticket de rationnement                                                                bouche de métro


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  • Rédaction en Français

     

    Une journée à Paris en 1943 :

     

      Le 16 février 1943, une rafle eut lieu rue des Orfèvres. La famille Alim y vivait. C’était une famille juive française.

      A cinq heures du matin, Georgia et son mari Jean entendirent des bruits qui les réveillèrent. Ils entendirent soudain quelqu’un crier des noms. Leur nom et prénoms furent cités parmi d’autres. Ils s’habillèrent alors en vitesse, prirent leur fille de 6 ans avec eux, Joséphine, et rejoignirent une vingtaine de personnes dans la rue.

      Tous étaient en pyjamas, grelottaient de froid et attendaient ce qu’on allait décider de leur sort. Tous furent embarqués dans plusieurs fourgonnettes, dont la famille Alim, qui a été embarquée ensemble. La direction du convoi était le commissariat.

      En milieu de chemin, le père prit le policier présent dans la fourgonnette à part. Il lui proposa de l’argent, beaucoup d’argent, pour laisser partir sa femme et sa fille. Par chance ce policier était Français et accepta l’offre car il avait besoin d’argent. 

      A l’arrivée du convoi, le policier libéra discrètement Georgia et Joséphine. Georgia partit à contrecœur en pensant à son mari. Les soldats allemands étant toujours occupés dans la rue des Orfèvres à déloger les habitants, Georgia ne pouvait retourner chez elle. Elle alla alors à un petit café qu’elle connaissait bien et qu’elle fréquentait souvent avant l’Occupation. Là elle vit un ami qu’elle n’avait pas vu depuis longtemps, juif lui aussi. Cet ami, Franck, la voyant, l’appela et l’invita à boire un verre. Mais voyant la mine défaite de celle-ci, lui demanda ce qui lui était arrivée. Georgia hésita d’abord à lui raconter ce qu’avait fait son mari pour elle, mais finalement accepta, pensant qu’elle n’avait rien à perdre.

      Elle raconta donc à Franck ce qui lui était arrivé, le matin lors de l’arrivée des Allemands, jusqu’à maintenant au café. Franck était abasourdi, stupéfait de la réaction du mari de Georgia. Cette dernière, ayant grande confiance en cet ami juif, lui demanda, non sans peine, de lui garder sa fille car elle avait trop peur pour elle. Franck lui proposa alors de se cacher dans une planque qu’il connaissait bien, située dans le XIIème arrondissement. C’est à ce moment que Georgia eut peur. Elle se demanda si Franck n’était pas un collabo qui dénoncerait, même sa meilleure amie, pour survivre. Mais ce n’était pas impossible que Franck soit résistant, car vu comment elle le connaissait, elle ne pourrait pas penser que Franck soit soumis à la soumission des Allemands.

      Soudain, des soldats allemands entrèrent. Franck paya rapidement l’addition et Georgia sortit de ses pensées. Sans se rappeler ce qu’elle venait de se dire, elle suivit Franck qui sortit précipitamment du bar. Ils prirent une voiture, qui devait appartenir à Franck, et partirent en trombe. A mi-chemin de la planque, un contrôle de policier se présenta. Georgia prit peur et voulut se cacher mais Franck lui conseilla de ne rien faire pour ne pas attirer l’attention. Là encore elle se posa des questions. Etait-ce parce qu’il connaissait les policiers et que tout ça n’était qu’un plan pour me prendre ? Ou bien, Franck avait des connaissances en la matière, ce qui prouverait qu’il fait partie de la Résistance. Mais elle se reconcentra vite sur le contrôle des policiers.

      Les deux amis se présentèrent, puis commencèrent la discussion. Les policiers en oublièrent de leur demander leur passeport et les laissèrent continuer. Le contrôle s’était passé à merveille pour les deux amis. A  mesure que le voyage durait, Georgia eut de moins en moins le sentiment que Franck était un collaborateur. Ils continuèrent une dizaine de minutes puis arrivèrent dans une petite rue, Rue de Fécamp. Ils rentrèrent dans un immeuble assez lugubre et délabré, puis rentrèrent dans la cave. Là Georgia découvrit une famille de quatre personnes dont deux enfants qui les accueillirent chaleureusement.

      Georgia pensa alors que Franck était un résistant et cela la rassura beaucoup. Elle se dit que c’est ici que ses ennuis vont se terminer et qu’elle sera en sécurit ici. Mais son mari lui manquait et elle aurait partagé ces moments avec lui. Malheureusement elle ne connaît pas le sort de son mari et n’a reçu aucune nouvelle de lui dans la journée. Mais la nuit commença à tomber et le repas de Georgia ne se résumait qu’à des pommes de terre, une bouillie et un morceau de pain. Malgré la nourriture restreinte et les conditions de vie peu confortables, Georgia n’avait pas le choix et si elle voulait protéger sa fille, il fallait qu’elle reste là et qu’elle fasse confiance à Franck.


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  • Un jour à Paris en 1943

     

         Au début de cette journée du 18 mai 1943, Mme Castelbac emmena huit de ses onze enfants à l'école Bossuet dans le 10e arrondissement avant d'aller elle-même enseigner dans sa classe. Son premier cours étant l'enseignement ménagé familial, elle y retrouva la plus grande de ses filles qui avait 13 ans. Mme Castelbac ne voyait pas l’intérêt de ce cours ; elle s'en était bien passée pendant sa scolarité et trouvait donc absurde cette loi de mars 1942 qui l'avait rendu obligatoire pour les jeunes filles.

     

     

         A midi, elle déjeuna avec les autres enseignants à la table qui leur était destinée pour pouvoir surveiller les élèves mais n'avala presque rien de son déjeuné. La viande, un poumon de bœuf, flottait dans une bouillie de haricots trop cuits. Elle se contenta de quelques bouchées et du petit pain qui lui était attribué.

     

         Après le repas, Mme Castelbac rentra chez elle car elle n'avait pas de cours l'après-midi. Pour arriver à son appartement, elle dû passer par le jardin du Luxembourg qui était désert à cette heure. Elle était presque arrivée aux portes du jardin quand elle entendit le bruit rythmé des bottes de soldats d'une patrouille allemande qui marchait juste derrière elle. Elle se retourna et se jeta rapidement sur le côté pour laisser passer les soldats de l'occupation. Elle avait l'habitude de ce climat avec des contrôles, des arrestations et même parfois des des fusillades et cherchait à ne pas se faire remarquer.

     

         Ayant réussi à passer inaperçue une nouvelle fois, elle traversa rapidement la rue pour rejoindre son appartement du 16 rue de Condé. Une heure plus tard, elle ressortit de chez elle et alla faire ses courses. Elle passa d'abord chez l'épicier et dépensa une grande partie de ses tickets dans l'achat de pommes de terre et de navets. Une femme derrière la regarda de travers lorsqu'elle sortit tous ses tickets de rationnement. Mme Castelbac l'ignora. Elle avait l'habitude maintenant de ces regards suspicieux et un point malveillant. Qui pouvait se douter qu'elle avait treize bouches à nourrir ?

     

         De retour dans son appartement, elle fit le repas du soir et lu son courrier. La première lettre qu'elle ouvrit fut celle de son fils aîné Michel. Ses trois aînés avaient été envoyés en pension à St Dié dans les Vosges pour être en sécurité. Elle relue aussi sa dernière lettre qu'il leur avait envoyé la semaine précédente. Elle fut triste, cependant, qu'il ne vienne pas les voir pour les vacances mais soulagée aussi ; Paris était devenu une ville dangereuse ! Il fallait qu'elle lui écrive. Elle sentait dans sa lettre que leur éloignement lui était difficile comme il l'était pour elle. Elle lui enverrait aussi quelques tickets et de la farine. Il les partagerait avec ses frères.

     

         Le soir, toute la famille se mis à table et on mangea les pommes de terre avec appétit. Malheureusement, le repas fut interrompu par une sirène annonçant un bombardement aérien. Mme Castelbac rassembla tous ses enfants, pris dans ses bras le plus jeune qui pleurait de fatigue et aida son mari à prendre des couvertures au cas où ils ne pourrait pas revenir avant le lendemain.

     

         La famille descendit ensuite en courant les escaliers de l'immeuble et suivit la foule qui se dirigeait vers les bouches de métro. Les enfants se tinrent par la main pour ne pas se perdre dans cette foule qui courrait. N'ayant pas de cave à Paris, les parisiens se retrouvèrent bientôt tous à l'étroit dans les stations de métro. La famille Castelbac se trouva un petit coin dans une station et les enfants purent s'asseoir en attendant la fin de l'alerte qui ne dura pas. Ils avaient tous une couverture pour dormir mais tous restaient éveillés dans l'attente d'un bombardement qui ne vint pas. C'était une fausse alerte.

     

         La famille Castelbac rentra chez elle et Mme Castelbac se coucha ce soir là avec une certaine lassitude. La guerre durait maintenant depuis 4 ans, il était temps que viennent des jours meilleurs.

     

    Ticket de rationnement, 1943

     

     

     

     

    Lettres de mon grand-père à sa mère, 1943

     


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    Rédaction de Français a la manière de Patrick Modiano

     

     

    Un matin de juin, je me promenais, longeant les quais de Seine, en me demandant si un jour un résistant était passé par ces mêmes quais. Je l’imaginais, ce résistant, vêtu d’un chapeau de feutre noir, d’un grand manteau en gabardine, transportant des documents secrets. Il passait devant des allemands, mais il gardait son sang froid malgré le danger.

     

     

     

    Tandis que je le décrivais physiquement dans ma tête, une enveloppe attira mon attention ; elle était posée là, par terre, au détour d’une ruelle, presque invisible.

     

    Je m’approchais et l’inspectais. Je compris plus tard que j’avais trouvé là la plus belle chose qui m’ais été donné de voir : une lettre datant de 1943 écrite à Paris par un résistant

     

    Je regardais autour de moi pour voir si son propriétaire ne se trouvait pas aux alentours. Personne. Je rentrais donc chez moi le sourire aux lèvres et l’air joyeux.

     

     

     

    Une fois chez moi, j’examinais le morceau de papier ; un résistant du nom de Tony Bloncourt annonçait sa mort à sa famille. Cette lettre m’a profondément émue car l’auteur présentait sa mort avec courage et bravoure, disant qu’il était fier d’avoir servi son pays et d’avoir aidé la Résistance.

     

    Je voulu alors savoir ce qu’il en était de la vie des résistants à cette époque.

     

    J’allais donc me documenter sur le sujet dans les bibliothèques, sur internet ou en interrogeant mes arrières –grands-parents. J’appris alors que les résistants changeaient de noms deux fois par semaine pour que les Allemands ne les retrouvent pas sous la même identité deux fois de suite. Quel était donc son vrai nom ?

     

     

     

    Je me mis à imaginer la journée de Tony Bloncourt le jour de sa mort.

     

    Le matin, en se levant, avait-il conscience du danger où était- il déjà aux mains des allemands ?

     

    En effet il était courant que les allemands mettent en place des souricières, cela consistait à se rendre dans l’habitation même du résistant et de le capturer lorsqu’il rentrait chez lui.

     

    Avait-il été torturé ? Car il était courant lors du régime de Vichy que lorsqu’un résistant était capturé il n’était pas exécuté sur le champs mais torturé pour lui soutirer des informations précieuses. Toutes ces questions rebondissaient dans ma tête. Après réflexion, je me dis qu’il avait dû avoir été piégé par les allemands dans la journée et qu’il avait écrit sa lettre en prison.

     

    Mais le matin de sa mort où allait-il ? Prendre des instructions auprès de son supérieur, chercher une livraison de journaux clandestins ? En effet le trafic de journaux ou de tracts résistants était monnaie courante à l’époque.

     

    Peut être même avait-il déjà reçu des ordres qu’il s’apprêtait à exécuter. Quoi qu’il en soit il s’était trouvé au mauvais endroit au mauvais moment.

     

    Une autre question se posa alors : comment avait-il été arrêté ? Dans un ruelle où dans une souricière, dans la rue trahi par un simple contrôle, rien, je n’en savais rien.

     

    Où avait-il mangé ? S’était-il offert une place au restaurant ou bien était-il dans la demeure d’un de ces contacts résistants. A moins qu’il n’ai pas mangé du tout.

     

     

     

    Toutes ces questions et pas une seule réponse, seulement le vide, l’ignorance.

     

    Qu’avait-il fait après son repas ? S’était-il reposé ? Etait-il allé au QG du secteur ? Il faut savoir que les résistants dé coupaient la France en secteurs et chaque secteur est doté d’un QG (quartier général ) que ce soit une bâtisse abandonnée ou un appartement quelconque .

     

    Peut être bien avait-il simplement choisi de se promener après sa mission ? Ha oui je l’imagine se promener sur les quais de Seine, ne pensant plus ni àla guerre ni àla mort mais à sa femme et ses enfants et aux milliers de personnes qui se battaient sous le drapeau révolutionnaire orné de la croix de Lorraine.

     

     

     

    Et là, la question de son arrêt se posa à nouveau : marchait-il quand tout à coup on le matraqua par derrière ? Rentrait chez lui paisiblement quand il trouva, en poussant sa porte, des nazis assis tranquillement sur son divan ? Je n’en savais toujours rien.

     

    Une seule certitude : il s’était retrouvé aux mains des Allemands et avait été jeté en prison. Il savait sa mort certaine au moment où il écrivait cette lettre.

     

     

     

    Enfin, une dernière question se posa à moi : comment était il mort ? Souvent a moins d’un miracle les prisonniers résistants étaient tué après leur torture. Avait-il subit la cruelle pratique des nazis qui consistait à laisser courir les condamnés pour ensuite leur tirer dessus ou bien avait-il « simplement » reçu une balle dans la nuque ? Comment avait-il appréhendé sa mort ? Bien que les résistants soit préparés a la morts je n’exclus pas l’hypothèse qu’il pu pleurer en pensant a sa famille. Chantait-il à la gloire du général De Gaulle ? Etait-il resté impassible ? Car il parait qu’une fois face à la grande faucheuse, quand on sent son souffle froid dans notre nuque, on ne peut réaliser l’amplitude de cette chose étrange qu’est la mort.

     

    Le peu que je sache c’est qu’une fois le noir infini venu à lui, il était heureux d’avoir servi la France et probablement avait il le sourire aux lèvres.

     

     

     

    La découverte de cette enveloppe m’a rapproché de ces gens qui ont donné leur vie pour la France, ces héros du quotidien, ces ombres insaisissables et indomptables : Les Résistants.

     

     

     

     

     

    Texte Original:

    Maman, Papa chéris,
    Vous saurez la terrible nouvelle déjà, quand vous recevrez ma lettre. 
    Je meurs avec courage, je ne tremble pas devant la mort. Ce que j’ai fait, je ne regrette pas si cela a pu servir mon pays et la liberté. Je regrette profondément de quitter la vie parce que je me sentais capable d’être utile. Toute ma volonté a été tendue pour assurer un monde meilleur. J’ai compris combien la structure sociale actuelle était monstrueusement injuste. J’ai compris que la liberté de dire ce qu’on pense n’était qu’un mot et j’ai voulu que cela change. C’est pourquoi je meurs pour la cause du socialisme. 
    J’ai la certitude que le monde de demain sera meilleur, plus juste, que les humbles, et les petits auront le droit de vivre plus dignement, plus humainement. Je garde la certitude que le monde capitaliste sera écrasé. Pour cette cause sacrée il m’est moins dur de donner ma vie.
    Je suis sûr que vous me comprendrez, Papa et Maman chéris, que vous ne me blâmez pas. Soyez forts et courageux. Vous me sentirez revivre dans l’œuvre dont j’ai été un des pionniers. 
    Mon cœur est plein de tendresse pour vous, il déborde d’amour. Je vois toutes les phases de cette enfance si douce que j’ai passée entre vous deux, entre vous trois car je n’oublie pas ma Dédé chérie. Tout mon passé me revient en une foule d’images. Je revois la vieille maison de Jacmel, le petit lycée, les leçons de latin et M. Gousse. Ma pension au petit séminaire et le retour des vacances, mon vieux Coucoute que j’aurais voulu guider à travers la vie et mon petit Gérald.
    Je pense à vous de toute ma puissance, jusqu’au bout, je vous regarderai. Je pleure ma jeunesse, je ne pleure pas mes actes. Je regrette aussi mes chères études, j’aurais voulu consacrer ma vie à la science. 
    Que Coucoute continue à bien travailler, qu’il se dise que la plus belle chose qu’un homme puisse faire dans sa vie c’est d’être utile à quelque chose. Que sa vie ne soit pas égoïste, qu’il la donne à ses semblables quelle que soit leur race, quelles que soient leurs opinions. S’il a la vocation des sciences qu’il continue l’œuvre que j’avais commencé d’entreprendre ; qu’il s’intéresse à la physique et aux immortelles théories d’Einstein dont il comprendra plus tard l’immense portée philosophique. Que mon petit Gérald, lui aussi travaille bien et arrive à quelque chose. Qu’il soit toujours un honnête homme.
    Maman chérie, je t’aime comme jamais je ne t’ai aimée. Je sens maintenant tout le prix de l’œuvre que tu as entreprise à Haïti, continue d’éduquer ces pauvres petits haïtiens. Donner de l’instruction à ses semblables est la plus noble tâche ! Papa chéri, toi qui es un homme et un homme fort, console Maman, sois toujours très bon pour elle en souvenir de moi. Maman Dédé chérie, tu as la même place en mon cœur que Maman. Tous vivez en paix et pensez bien à moi. Je vous embrasse tous bien fort comme je vous aime. Tout ce que j’ai comme puissance d’amour en moi, passe en vous. Papa, sois fort. Maman, je te supplie d"être courageuse. Maman Dédé, toi aussi. Mon vieux Coucoute et mon vieux Gérald, je vous embrasse bien, bien fort. Il faut aussi embrasser maman Tata bien fort. Pensez à moi. 
    Adieu !
    Votre petit Toto

     

     


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