• rédaction : vie quotidienne d'une famille parisienne en 1943

     

     

    Paris, jeudi 4 novembre 1943. La guerre dure depuis quatre longues années et les allemands ont envahi la France. En ce jour d’hiver, le temps triste et glacial renforce ce sentiment de désespoir ressenti par tous les français patriotes qui souhaitent libérer la France. Dans un bel immeuble haussmannien, au numéro quatre de la rue de Rivoli, dans le quatrième arrondissement, au 3ème étage, Francine vit seule avec ses deux enfants, Claudius six ans et Marius huit ans. Le père, Louis, participe au sabotage d’un réseau de résistants clandestins.

    Je vais imaginer le quotidien ordinaire de cette famille parisienne sous l’Occupation.

    rédaction : vie quotidienne d'une famille parisienne en 1943

    Carte de la France sous l’Occupation allemande

    Il est sept heures du matin, les enfants dorment paisiblement et Francine se lève, transie de froid. Elle ne travaille pas à l’usine de textile le jeudi pour s’occuper de ses enfants. Elle regarde tristement sa maigre réserve de charbon tout en allumant le petit poêle et pense aux difficultés qui l’attendent pour se réapprovisionner. Après une brève toilette et un bol de chicorée bu à la hâte, elle prend les tickets de rationnement qu’elle est allée chercher à la mairie la veille et sort faire ses courses.

    Francine patiente d’interminables minutes dans la longue file d’attente qui se dessine devant elle. Elle aperçoit deux jeunes femmes avec une étoile jaune sur le revers de leurs manteaux. Quelle horreur, ces lois discriminatoires, imposées par le régime de Vichy! Après avoir rempli son panier de quelques bouchées de pain, d’une maigre portion de beurre et d’un pauvre sac de farine, elle se dirige avenue de l’Opéra, chez son amie Georgette.

    Elle la trouve effondrée sur une chaise, en pleurs, un mouchoir à la main. Un ami de son fils Edouard est venu la prévenir qu’il a été arrêté cette nuit par la gestapo. Francine la console comme elle peut. Elle consulte le journal clandestin « la voix populaire » et, ensemble, elles allument la radio, cachée au fond de la commode, pour écouter radio Londres. Mais ce matin, en raison de la mauvaise liaison et du volume très bas que leur impose la prudence, les messages sont inaudibles. A chaque fois que Georgette allume la radio, Francine peut lire dans ses yeux cette flamme qui réchauffe le cœur de chaque résistant patriote français et qui les pousse à œuvrer toujours plus pour leur pays.

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    Ticket de rationnement

    De retour chez elle, encore apeurée après voir croisé un escadron allemand, elle prépare le frugal repas, des rutabagas et un peu de lait sucré pour les enfants. Marius a encore faim et réclame du chocolat. C’est le cœur lourd que sa mère lui répond qu’elle n’en a pas trouvé. Il est difficile d’expliquer la pénurie aux enfants… Autour de la table, Claudius et Marius, qui n’ont pas école, décident de jouer aux petits chevaux et au jeu de l’oie. Les occupations se font rares, pour les enfants, en temps de guerre ! Francine s’installe à côté d’eux et prend son tricot. Elle confectionne des écharpes et des chaussettes qu’elle portera à la Croix Rouge pour les soldats blessés. Perdue dans ses pensées, elle sent la petite main de Claudius sur son épaule. Il réclame son papa. Depuis trois mois, Francine n’a aucune nouvelle de son mari, mais tente de rassurer son fils en lui cachant la vérité. Les longues heures monotones s’étirent, il va bientôt falloir préparer la soupe.

    rédaction : vie quotidienne d'une famille parisienne en 1943

    Défilé allemand sous l’Occupation

    Après le repas, les enfants doivent vite aller se coucher. Ils se lèvent tôt pour aller à l’école le lendemain. Mais avant de s’endormir, Francine leur lit un conte d’Andersen. Puis, à la lumière de la lampe à pétrole, elle poursuit son tricot. L’immeuble est silencieux. Dehors, la rue de Rivoli est sombre et déserte. C’est le couvre-feu imposé par l’ennemi allemand  cette année.

    Francine est à peine endormie que retentit l’alarme. Quel horrible son strident qui annonce un bombardement imminent! Il faut descendre en urgence dans la cave. Vite, elle réveille ses enfants, attrape des bougies, des allumettes et des couvertures, se précipite sur le palier et dévale les escaliers déjà encombrés par les voisins.

    Dans la cave, l’odeur de moisi est insoutenable. Le vieux couple du rez-de chaussée est déjà installé sur des cartons, l’air résigné. La cave se remplit et tout le monde se tait, terrorisé. A la faible lueur des bougies, on peut distinguer les traits crispés par l’angoisse, les regards apeurés et les mains tremblantes.

    rédaction : vie quotidienne d'une famille parisienne en 1943

    Immeubles effondrés après une attaque aérienne

    Une nuit interminable commence. Francine sert ses deux enfants endormis contre elle et laisse son imagination vagabonder pour échapper aux murs de la cave qui ressemblent à une prison. Elle se souvient des bons petits plats que confectionnait sa mère dans son enfance. Elle se souvient aussi de ce poème de Victor Hugo appris au collège : «ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent» et particulièrement de ce vers : «car le plus lourd fardeau, c’est d’exister sans vivre». Oui ! Elle pourra enfin vivre avec son mari et ses enfants, une fois la paix revenue. Elle les verra grandir, ensemble, ils se tourneront vers l’avenir avec espérance.

    Des larmes coulent sur ses joues, mais pourtant, elle sourit. Elle espère de tout cœur le retour de la paix pour la France et pour le monde.

     

    S. GRIOT, 7 mai 2015


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